Le Blog Utux

HTTP 200 GET /

Configuration et déploiement avec Ansible

Rédigé par uTux 5 commentaires

Ansible est un logiciel d'automatisation et de déploiement, il permet de créer des listes de tâches qui peuvent ensuite être jouées sur un ou plusieurs serveurs.

Attention cet article n'est pas un tutoriel (pour cela je vous renvoie vers la documentation officielle), mon but est de faire un petit retour d'expérience et montrer un exemple de projet Ansible.

Pourquoi Ansible ?

Il existe de nombreuses solutions de ce type mais il y a selon moi deux points qui distinguent Ansible : il est simple à prendre en main (excellente documentation et syntaxe yaml humainement lisible) et il ne nécessite pas d'agent pour fonctionner. En effet sur vos cibles, vous avez uniquement besoin de Python et SSH, présents en standard sur quasiment toutes les distributions Linux. Ansible marche aussi avec Windows et FreeBSD.

Pourquoi pas un script Bash / Perl / Python ?

Ben oui, il y a beaucoup de gens qui se sont fait leur propre script afin de configurer rapidement leur serveur. Mais en vrai les scripts c'est pas idéal :

  • C'est long à développer et ce n'est pas forcément votre métier.
  • Plus le script est complexe moins il sera lisible.
  • Le script doit être copié et exécuté à la main sur chaque serveur.
  • Il se contente d'exécuter une série de commandes sans se soucier du résultat.
  • Bon courage pour gérer un inventaire centralisé et des variables dynamiques.
  • Même en documentant votre script, vous serez le seul à comprendre réellement comment il marche.
  • Qui n'a jamais eu à déboguer un script obscur vieux de 10 ans ?

Ansible est beaucoup plus propre car depuis une unique machine vous gérez votre inventaire de serveurs et vos playbooks dans un même projet. Vous ne vous souciez que du résultat, vous ne demandez pas à ansible de faire un apt-get install curl, vous lui dites juste que le paquet curl doit être présent, à lui de faire en sorte de l'installer si besoin .Et c'est important non seulement car Ansible sait ce qu'il fait, mais il sait aussi le faire plusieurs fois, c'est ce qu'on appelle l'idempotence (sous réserve de ne pas faire n'importe quoi avec les playbooks, bien entendu). Enfin, il y a une énorme communauté d'utilisateurs et beaucoup de modules tiers, on trouve donc toujours des solutions aux problèmes

Exemple d'utilisation

Avertissement : Il y a plusieurs moyens de structurer un projet Ansible, consultez la page Best Practises. L'organisation que j'ai choisi n'engage que moi, vous êtes libre de faire autrement si ça colle mieux à vos besoins !

Voici un exemple de projet Ansible qui utilise un inventaire, des playbooks et des roles. Il sera utilisé pour configurer les nouveaux serveurs fraîchement installés. Objectifs :

  • Installer une liste de paquets de base
  • Configurer le /etc/hostname avec le nom du serveur
  • Configurer la locale fr_FR.UTF-8.
  • Configurer la timezone Europe/Paris.
  • Installer Nginx et Php-fpm sur les serveurs web
  • Tout en étant compatible Debian 8 & Ubuntu 16.04 (les paquets php n'ont pas le même nom !)

Arborescence du projet :

├── deploy-newserver.yml
├── group_vars
│   └── all
├── host_vars
│   ├── server01.example.org
│   └── web01.example.org
├── production.ini
└── roles
    ├── configure-newserver
    │   └── tasks
    │       └── main.yml
    │   └── templates
    │       └── hostname.j2
    ├── install-nginx
    |   └── tasks
    |       └── main.yml
    └── install-php-fpm
        └── tasks
            └── main.yml

Détail des fichiers :

---
# deploy-newserver.yml

- hosts: all
  roles:
    - configure-newserver

- hosts: webservers
  roles:
    - install-nginx
    - install-php-fpm
---
# group_vars/all
ansible_user: root
---
# host_vars/server01.example.org

ansible_host: 172.16.42.190
---
# host_vars/web01.example.org

ansible_host: 172.16.42.180
# production.ini
server01.example.org

[webservers]
web01.example.org
---
# roles/configure-newserver/tasks/main.yml

  - name: set hostname (volatile)
    hostname:
      name: '{{ inventory_hostname }}'

  - name: set hostname (permanent)
    template:
      src: hostname.j2
      dest: /etc/hostname
      force: yes

  - name: generate locales
    locale_gen:
      name: '{{ locale }}'
      state: present
    with_items:
      - en_EN.UTF-8
      - fr_FR.UTF-8

  - name: set default locale
    lineinfile:
      dest: /etc/default/locale
      regexp: '^LANG=.*$'
      line: 'LANG=fr_FR.UTF-8'
      create: yes
      state: present

  - name: set timezone
    file:
      src: /usr/share/zoneinfo/Europe/Paris
      dest: /etc/localtime
      force: yes
      state: link

  - name: common packages
    apt:
      name: "{{ item }}"
      state: present
    with_items:
      - apt-transport-https
      - bsd-mailx
      - ca-certificates
      - htop
      - manpages
      - net-tools
      - openssl
      - pciutils
      - postfix
      - ntp
      - ntpdate
      - rsync
      - tree
      - tzdata
      - ufw
      - unzip
      - vim
# roles/configure-newserver/templates/hostname.j2
{{ inventory_hostname }}
---
# roles/install-nginx/tasks/main.yml

  - name: install
    apt:
      name: nginx
      state: present
---
# roles/install-php-fpm/tasks/main.yml

  - name: php5-fpm if Debian <= 8
    apt:
      name: '{{ item }}'
      state: present
    with_items:
      - php5-fpm
      - php5-gd
    when:
      - ansible_distribution == "Debian" and ansible_distribution_major_version <= '8'

  - name: php7.0-fpm if Ubuntu => 16
    apt:
      name: '{{ item }}'
      state: present
    with_items:
      - php7.0-fpm
      - php7.0-xml
      - php7.0-gd
    when:
      - ansible_distribution == "Ubuntu" and ansible_distribution_major_version >= '16'

Lancer en dry-run (ne modifie rien) :

$ ansible-playbook -i production.ini deploy-newserver.yml --check

Lancer le déploiement :

$ ansible-playbook -i production.ini deploy-newserver.yml

Lancer le déploiement sur web01.example.org uniquement :

$ ansible-playbook -i production.ini deploy-newserver.yml --limit web01.example.org

Et voilà.

Exécution du playbook.

Ansible et moi

J'utilise régulièrement Ansible et maintient des playbooks pour des projets persos et pro, et j'en suis très satisfait. La documentation m'a permis d'être autonome et à l'aise assez vite et m'a même poussé à automatiser plus de choses que nécessaire, comme le déploiement de sites web alors que je pensais me limiter à la stack nginx / php-fpm / letsencrypt.

Même si je suis pleinement convaincu et satisfait par Ansible, je rencontre quand même certaines limitations. Par exemple l'inventaire n'est pas idéal quand on a beaucoup de serveurs et de groupes, ça peut rapidement devenir illisible. Il y a aussi certains modules tels que authorized_key pour lesquels j'aimerai plus de fonctionnalités, en l’occurrence pouvoir utiliser le paramètre 'exclusive' avec plusieurs clés.

Petits conseils en vrac

  • Ansible évolue vite, utilisez une version récente, disponible dans les backports debian ou via pip.
  • Le state: present est souvent implicite, vous n'avez donc pas besoin de le mettre, cependant c'est mieux de le faire, pour rendre le playbook plus évident à comprendre.
  • Pensez à utiliser les variables, pour les URLs ou les numéros de version.
  • Ne mettez pas de mot de passe ou de credential dans les playbooks, utilisez des variables passées au moment de l'exécution, ou dans un fichier que vous prendrez soin d'exclure si vous utilisez un repo public.
  • Faites un dry-run pour tester vos playbooks, on ne sait jamais.
  • Attention au module file et plus particulièrement aux permissions, surtout quand vous travaillez sur des fichiers existants (tels que le resolv.conf).
  • La commande ansible hostname -m setup vous permet de récupérer tous les 'facts' (OS, version, ip...) d'une cible, ils peuvent être utilisés dans les playbooks.
  • Testez vos playbooks jusqu'au bout : redémarrez le serveur pour vérifier que les modifications ne sont pas volatiles.
  • Faites des choses propres et simples. Si vos besoins sont trop variés ou spécifiques, n'utilisez pas Ansible, ou limitez vous au minimum.
  • La machine sur laquelle vous exécutez Ansible est critique, car en général vous aurez l'accès root without-password à tous vos serveurs, c'est donc un point d'entrée que vous devez sécuriser au maximum.

Conclusion

Si vous souhaitez unifier, accélérer et automatiser vos déploiements ou tout simplement vous initier au devops, Ansible est un outil que je recommande fortement, l'essayer c'est l'adopter.

5 commentaires

#1  - juliuss a dit :

Pour les données sensibles, vous pouvez utiliser la commande ansible-vault qui chiffrera vos datas sensibles.

Répondre
#2  - uTux a dit :

On en apprend tous les jours, merci :)

Répondre
#3  - GazRagz a dit :

Merci pour cet article ! est-il possible de déployer des OS avec Ansible d'apres vous ?

Répondre
#4  - uTux a dit :

Je ne pense pas, ou pas directement, car Ansible est fait pour s’exécuter sur un OS déjà en fonctionnement.
C'est mieux de passer par un outil tiers pour déployer tes OS (par exemple une VM que tu duplique) puis exécuter Ansible pour effectuer toute la configuration.

Répondre
#5  - GazRagz a dit :

D'accord merci beaucoup pour la réponse :)

Répondre

Écrire un commentaire

Quelle est le premier caractère du mot vk7un0mf ?