Je ne comprends pas trop la hype qui a propulsé Mastodon sur le devant de la scène, ce n'est pas le premier réseau social libre, il y en a eu un bon paquet avant : identi.ca, gnu social, diaspora, ... et beaucoup d'autres que je ne connais pas. Peut-être que ces logiciels ont pris trop de libertés par rapport à l'interface alors que les utilisateurs voulaient juste un clone de Twitter ou Facebook. Je suis quand même curieux de savoir pourquoi Mastodon a décollé et pas les autres.
Côté technique, Mastodon fait un peu peur : node + ruby c'est pas très friendly avec les hébergements mutualisés, c'est un casse-tête pour les sysadmin qui doivent maintenir un serveur avec des milliards de dépendances de plusieurs sources, et puis c'est plutôt lourd. Mais en fait c'est pas si mal puisque le projet fourni un Dockerfile et un docker-compose.yml tous deux très propres et bien découpés, c'est du porn pour les yeux, ce qui montre que les gars savent ce qu'ils font. Vagrant et Heroku sont également supportés, mais je ne connais quasiment pas ces plateformes.
Côté utilisateur par contre, comme je le dis dans le titre, je suis trop vieux pour ces conneries. En fait le problème ne vient pas de Mastodon, mais de l'ergonomie façon Twitter que je n'aime pas. Je trouve que rien n'a de sens, je ne comprends pas à quoi correspondent les messages qui apparaissent, comment suivre les conversations, je m'y perds. Le problème vient clairement de moi, le vieux con qui n'a jamais rien compris aux réseaux sociaux, un peu comme ces gens de mauvaise foi qui n'ont jamais voulu apprendre l'informatique parce qu'ils ont grandi sans.
En résumé je dirai donc ceci :
- Point de vue utilisateur, je ne peux rien dire d'intéressant, je ne sais pas utiliser Twitter donc je ne sais pas utiliser Mastodon. Essayez-le pour vous faire un avis.
- Point de vue sysadmin ouais, ça a l'air bien fichu, c'est pas fait par des branlots, je valide.
- Point de vue geek, je suis assez content qu'un truc libre et décentralisé réussisse enfin à convaincre les utilisateurs lambda après toutes ces années, j'avais perdu tout espoir. Et en prime la FSF n'a pas encore tenté de torpiller le projet, c'est un signe.
- La croissance de Mastodon ne sera pas facile et s'accompagnera d'obstacles de plus en plus importants qui mettront à l'épreuve la viabilité d'un service décentralisé : je pense notamment à la modération, car on sait ce qui se passe quand on attire trop d'utilisateurs lambda : ça fini comme les commentaires Youtube avec de la connerie et même de la haine qui sort du cadre légal, une vraie décharge qui est tout sauf une évolution. En parlant de cadre légal, quid des demandes des services de renseignement des États, des demandes de retrait de contenus illégaux, comment réagiront les administrateurs des pods ?
Et vous, que pensez-vous de Mastodon ?
J'ai utilisé Diaspora pendant 2 ans. Ça marche bien, il y a du monde, mais j'ai finalement lâché l'affaire et fermé mon compte pour les raisons suivantes, en vrac :
- Je n'ai jamais aimé la présentation du fil d'actualité, trop petit, gâchis d'espace, quelques articles suffisent à le remplir ce qui oblige alors à scroller pour lire la suite.
- Il n'y a pas d'information utile. Par exemple quand Skype n'arrive pas à se connecter, mon premier réflexe est d'aller voir sur Twitter s'il s'agit d'un problème mondial. Mais sur Diaspora il n'y a jamais ce genre d'information, même en suivant les tags.
- Même en faisant du tri dans mes "contacts", je me retrouve avec beaucoup trop de contenu qui ne m'intéresse pas, un peu comme sur le Planet Libre.
- Beaucoup de contenus politisés et pseudoscientifiques.
- Enfin, les "repartages" et les "like" sont beaucoup trop présents et inutiles.
J'ai en parallèle jeté un coup d’œil à Twitter, pensant m'inscrire pour donner une chance à ce réseau, mais la page d'accueil m'a rapidement refroidit. En effet on y trouve des actus sportives, des actus people, des personnalités politiques, des astuces gastronomie... en gros c'est de la télévision, c'est ce que je cherche à fuir.
J'ai donc toujours ce sentiment de rejet des réseaux sociaux. Le vieux con d'internet que je suis, qui a connu IRC, les forums, les blogs, les wiki, n'arrive pas à s'adapter. Peut-être qu'un jour on me pointera du doigt en me traitant de réactionnaire qui refuse le progrès, mais pour le moment je le vis plutôt bien.
Les réseaux sociaux existent depuis plus de 10 ans et leur succès est indéniable. En revanche leur réputation est plutôt mitigée. Gadget inutile pour certains, repaire d'ados qui passent leur journée à partager des vidéos de Maitre Gims pour d'autres, passe-temps quand on a rien à faire au boulot... et c'est sans compter les nombreuses critiques sur la vie privée, Richard Stallman déclare à ce sujet : « Facebook doit être éliminé pour protéger la vie privée ».
Néanmoins les réseaux sociaux sont un formidable outil de communication. Les idées s'échangent, les avis, des groupes ou des mouvements se forment. Lors des révolutions tunisiennes et égyptiennes en 2011, les citoyens les ont utilisé pour organiser les manifestations et tenir au courant le reste du monde des événements graves qui se déroulaient. D'ailleurs l'une des premières mesures de l’Égypte pour enrayer la révolution fut de bloquer Twitter, ce qui montre bien qu'il était gênant.
En France alors que le pays traverse une crise sociale ce sont également les réseaux sociaux qui relaient les informations : manifestations, violences (des deux côtés), mouvements à venir, revendications, la masse en colère est beaucoup plus représentée qu'à la télévision.
En appelant à la "disparition" de Facebook, Richard Stallman ne condamne-t-il pas un excellent outil pour la démocratie ? N'est-ce pas là une idée réactionnaire alors que ce réseau social existe depuis plus de 10 ans ?
Je ne suis pas inscrit sur Facebook ou Twitter car je n'en ai jamais ressenti l'utilité et j'ai toujours été rebuté par les problématiques de respect de la vie privée dont on ne peut nier la réalité. Mais je reconnais leur utilité et leurs qualités et pense que si ils disparaissaient nous aurions beaucoup plus de mal à nous exprimer.