Fin du 32 bits chez Debian, obligation du x86-64-v3 chez Red Hat
Rédigé par uTux 1 commentaireEn lisant un des billets récurrents de chez Frederic Bezies - En vrac’ de fin de semaine… j'ai appris l'abandon du i386 chez Debian, qui sera effectif dès la version 13, aka Trixie. Bien que cette annonce sur la mailing list ne mentionne que l'abandon de l'installeur, il semble qu'il n'y aura plus de kernel ni même de packages compilés. Il s'agirait donc d'un abandon total.
Parallèlement à cela, les distributions de la "Red Hat family" (RHEL, Cent OS, Alma, Rocky) seront compilées en x86-64-v3. Ce petit "v3" indique qu'un certain niveau "d'instructions set" sera requis, excluant pas mal de vieux processeurs tels que les Core 2 Duo. C'est le cas avec la beta d'Alma Linux 10, par exemple.
Abandon du 32 bits chez Debian.
A l'heure où j'écris cet article le popularity contest de Debian mentionne les statistiques suivantes :
- 230396 installations en amd64.
- 7444 installations en i386 !
Il semble donc que le i386 soit encore très plébiscité pour Debian.
Théoriquement, les processeurs AMD sont compatibles 64 bits depuis... l'Athlon 64 sorti en 2003. Quant à Intel c'est un peu plus flou mais Wikipedia mentionne l'année 2004 avec les Core 2 Duo et même certains Pentium 4. Cela fait donc plus de 20 ans que les processeurs 64 bits sont disponibles et on imagine que peu d'utilisateurs ont encore des Athlon XP ou Pentium 4. Et pourtant ce chiffre de 7444 installations est plutôt important !
A mon sens, Debian 32 bits reste utile pour les périphériques suivants :
- Des SBC (Single Board Computer) de type Alix pouvant être utilisés comme routeurs ou serveurs. Les plus vieux emploient des AMD Geode ne supportant que le jeu d'instruction i586.
- Les Eee PC, et de manière générale des appareils employant des processeurs Intel Atom ne supportant pas le 64 bits.
- Des ordinateurs avec peu de mémoire (moins de 2GB) là où le 32 bits peut être avantageux (conso légèrement inférieure).
Le 32 bits sous Debian n'est donc pas encore complètement mort et son abandon risque de créer pas mal de remous parmi les utilisateurs de cette distribution.
Le x86-64-v3 enforcé chez Red Hat.
Concernant le x86-64-v3 prochainement imposé chez Red Hat 10, cela exclue les processeurs sortis avant 2011 si j'en crois Wikipedia. En vrac, une liste de processeurs 64 bits pourtant bien sympathiques mais qui ne fonctionneront plus :
- Intel Core 2 Duo, Core 2 Quad.
- Intel i3, i5, i7 de première génération (socket 1366, 1156).
- Les AMD Athlon 64 X2, Phenom, Phenom II.
Tout un tas de processeurs plutôt sympathiques qui, couplés à une bonne quantité de RAM (2-4 GB), sont encore tout à fait à la hauteur pour une configuration de bureautique voire plus.
Support du vieux matériel sur Linux.
Il ne faut toutefois pas se faire d'illusions, beaucoup de drivers pour ces vieilles machines sont déjà dépréciés voire même retirés. Deux exemples issus de mon expérience personnelle :
- Un vieux laptop basé sur un Core 2 Duo avec un chipset graphique SiS. Le pilote graphique n'étant plus maintenu pour Linux, il a été supprimé, ce qui oblige à utiliser le pilote VESA.
- Un laptop avec une puce graphique Nvidia GT520 ou équivalent. Sous Debian il faut installer un des pilotes Nvidia "legacy" mais il semble que ces derniers n'existent plus à partir la version 12 / Bookworm, obligeant à utiliser "nouveau" (rires dans la salle).
Obsolescence programmée ? Non.
Ce n'est pas de l'obsolescence programmée.
Il y a deux choses à comprendre :
- La maintenance et distribution de logiciels ou de pilotes est un énorme fardeau, et une usine à dette technique. Si cela peut paraître cool de bosser sur la maintenance d'un logiciel X à un instant T, il faut bien imaginer qu'on devra en assumer la responsabilité 10 voire 20 ans plus tard. Même si le logiciel n'évolue plus et ne compile plus. Il y a donc un moment où le ménage est inévitable.
- Bosser pour le monde entier impose des choix : faut-il conserver à tout prix la compatibilité x86-64-v2 et se priver ainsi d'optimisations plus récentes ?
On comprend alors que ces abandons de processeurs et machines anciennes est le résultat d'un choix pragmatique.
Conclusion
Le support du 32 bits va virtuellement disparaitre de Linux dans un avenir proche, et les distributions imposeront des processeurs 64 bits "récents", à des fins d'efficacité et de maintenance.
Au pire il restera FreeBSD ou encore Gentoo !