Mon internet est pessimiste
Rédigé par uTux Aucun commentaireIl s'agit d'un article un peu politisé, chose que j'essaie habituellement d'éviter car je préfère parler technique, mais j'ai besoin d’extérioriser certaines choses. Ce qui me déprime le plus en ce moment, c'est ça:
- Le Parlement européen adopte la directive sur le droit d’auteur à l’heure du numérique.
- Directive droit d’auteur : la France, médaille d’or des votes, déjà prête à la transposition.
Et oui, avec 96,9%, la France est en tête du classement des votes favorables ! J'ai honte. Ce taux montre le poids incroyable des ayants-droits en politique, ou peut-être simplement est-ce révélateur d'un niveau de corruption très élevé dans nos représentants. Les partisans de la directive Droit d’auteur, un lobbying jusqu’à saturation: dans cet article intéressant, on y apprend que les principaux soutiens sont:
- Les ayant-droits (Sacem et compagnie) (Deux milliards d’euros de redevance Copie privée collectés entre 2008 et 2016, de l'argent gratuit sur ce que vendent les autres !).
- Les artistes célèbres et riches: « Goldman, Guetta, Renaud, Louane, IAM, Zaz... L'appel de 171 artistes pour défendre le droit d'auteur ».
- Les éditeurs de presse, qui appartiennent à des milliardaires (voir la cartographie intéressante en illustration).
- L'AFP, pourtant censée pourtant être neutre.
- Des media qui donnent la parole à des eurodéputés usant de comparaison honteuses, d'informations erronées, et de références montrant que leur vision de l'informatique ne dépasse pas les années 80: Directive Droit d’auteur : les GAFA, des « terroristes Pac-Man » selon Cavada.
Pour faire passer la pillule d'une loi protectionniste envers une industrie richissime qui se porte très bien, il fallait bien sûr jouer la carte de l'Europe contre les méchants GAFAM qui ne paient pas les droits d'auteur les impôts. Mais ce que l'on ne dit pas c'est que Youtube, particulièrement visé par cette loi, est une plateforme qui permet à des dizaines de milliers de créateurs de contenus de s'exprimer et vivre de leur passion. Et c'est à eux que l'on s'attaque.
Depuis bientôt 3 ans je n'ai plus de télévision, parce que les programmes ne correspondent plus à mes attentes et que mon mode de consommation s'est tourné vers Youtube et ses nombreux créateurs de contenus. Je ne sais pas s'il faut être stupide ou courageux pour admettre que l'on aime un GAFAM, mais il y a de très nombreuses émissions et chaînes que j'adore et qui n'auraient pas pu exister sans Youtube: Science Etonnante, Hygiène Mentale, MrMeeea, LGR...
Et il se trouve que cette loi Européenne risque bien de tuer tout ça en augmentant encore plus la pression sur le filtrage des contenus. En effet, avec l'article 13 quel avenir pour les chaînes qui traitent des sujets suivants:
- Revues/critiques/analyses de films ?
- Pop culture, vieilles publicités, séries, films, jeux-vidéo ?
- Émissions qui parlent de musique ?
- Parodies, détournements, YTP ?
- Emprunt d'extraits musicaux pour des sketches ou illustrations ?
Je ne sais plus quoi faire. Le lobby de l'industrie du divertissement est trop puissant. La majorité des gens s'en moquent, nos représentants sont soumis aux lobbys, les manifestations ne servent à rien si elles ne sont pas violentes, et les media de grande audience sont du mauvais côté. Nous allons continuer de payer toujours plus cher notre redevance sur la copie privée et la censure va continuer à s'imposer au nom du droit d'auteur.
Peut-être faudrait-il un geste fort, que Google ferme son moteur de recherche d'actualités, bannisse les chaînes Youtube appartenant aux ayant-droits (qui diffusent les clips musicaux officiels), voire même quitte administrativement l'Europe (bonne chance ensuite pour imposer des choses à un service 100% américain).
Un peu à la manière du végétarisme, on peut aussi voter avec notre porte-feuille. Ne plus acheter de musique, de films ou de media traditionnels, ne plus acheter de supports soumis à la copie privée. Mais je doute que ce soit suffisant face à leur puissance financière.
Si on ajoute à cela la fin de l'anonymat qui nous pend au nez ainsi que celle du chiffrement, je ne peux pas m'empêcher d'être très pessimiste sur l'avenir de l'internet libre en France.
Peut-être qu'un jour il faudra obligatoirement un VPN pour contourner les lois et être tranquille pour des activités autrefois légitimes, légales et libres. En tous cas il est sûr que nous n'avons plus aucun contrôle démocratique sur ce secteur.