Peu avant le confinement, j'ai récupéré un ordinosaure qui partait à la poubelle. C'était véritable aubaine pour moi et mon âme de collectionneur de vieux hardware. Il m'a tapé dans l’œil avec son connecteur DIN (pour le clavier) et son bouton turbo et je me suis dit que j'avais sûrement trouvé un des premiers Pentium. Avec un peu de chance peut-être y aurait-il aussi une carte Sound Blaster Pro / 16 en ISA. J'ai donc ramené le tout chez moi.
Je n'avais jamais entendu parler de la marque MIPS, et vu qu'il s'agit aussi du nom d'une architecture de processeur, il est très difficile de trouver des informations sur Google. En m'adressant à un groupe de passionnés sur Facebook, il semble que MIPS était une boutique de micro informatique nantaise. J'ai pu extraire les caractéristiques de la machine:
Carte mère au format Baby AT
Pentium 120 MHz
24 MB de RAM
Carte VGA Cirrus Logic
Carte son ISA OPTi 82c929
La grande question que je me suis rapidement posé est de savoir s'il fonctionne encore car hormis l'état de sa façade il était en plus stocké en extérieur. Pour pouvoir le tester il me fallait un clavier avec un connecteur DIN, j'ai donc du commander un adaptateur sur Internet. En attendant qu'il arrive j'ai branché et allumé la machine pour constater que le POST s'affiche mais qu'il bloque sur un classique message "Keyboard error press F1 to RESUME", donc impossible d'aller plus loin.
Comme je m'en doutais, la pile du Bios est HS, mais à ce moment là je pensais que le seul impact serait la perte de l'heure et des paramètres du lorsque l'alimentation est débranchée, alors que c'était en fait beaucoup plus grave.
Après avoir reçu l'adaptateur DIN/PS2 (ce qui a pris deux bonnes semaines en raison du confinement), j'ai enfin pu passer ce message d'erreur en appuyant sur F1. Malheureusement la machine ne bootait toujours pas et demandait cette fois d'insérer une disquette. J'ai d'abord soupçonné que le disque dur soit HS mais en le branchant en USB dans un autre PC j'ai pu valider qu'il fonctionnait parfaitement. Ma seconde piste fut donc d'aller dans le Bios pour modifier les paramètres. Mais je me suis aperçu qu'il était impossible de les modifier car non persistant aux redémarrages. En parallèle à cela, j'avais un message "FDC error" (floppy disk controler) ce qui m'a rapidement amené à soupçonner que ces erreurs étaient dues à la pile CMOS, il allait donc falloir la changer. Le hic c'est que dans les années 90 on utilisait pas de pile bouton facile à remplacer, mais un des dispositifs suivants:
Soit une grosse pile infâme soudée sur la carte mère ayant tendance à couler et pourrir le reste des composants.
Soit un petit chip DALLAS soudé contenant l'horloge RTC, les paramètres du Bios et une pile.
Je digresse un peu mais on avait donc dans un cas une pile soudée qui finit par couler et détruire la carte mère, et dans l'autre cas une pile soudée impossible à changer. L'informatique ce n'était donc pas mieux avant.
A la lecture du titre de cet article vous aurez compris que je suis dans le second cas, j'ai ce petit chip RTC DALLAS que je vais nommer "pile DALLAS" pour plus de facilité.
Ma première piste fut donc de prendre la référence et d'acheter une pile de rechange sur eBay. J'en ai commandé deux en état "neuf" dont une seule est arrivée. J'ai passé beaucoup de temps à dessouder la pile existante car mon fer de 25W n'était pas assez chaud pour travailler dans de bonnes conditions (et impossible d'en changer car les magasins de bricolage étaient fermés). Après avoir réussi à l'extraire, j'ai soudé la pile "neuve" d'eBay à la place pour constater que rien ne changeait, le système indiquait toujours qu'elle était HS et refusait de booter. En fait il semble que la pile est bien "neuve" mais issue d'un stock de l'époque, donc totalement épuisée. Les joies d'eBay.
Ma seconde piste fut donc de "modder" la pile DALLAS. En effet je ne suis pas le premier à avoir ce problème et beaucoup de bricoleurs ont remarqué qu'il suffit de scier/limer le chip pour accéder aux bornes de polarité de la pile. A partir de là il est possible d'y souder une pile externe. On trouve de nombreux tutoriels à ce sujet. N'ayant ni Dremel ni scie, j'ai utilisé une simple lime et finalement le mod fut assez simple à réaliser.
Après avoir réalisé le mod (avec une pile bouton CR2032) et soudé le tout sur la carte mère, le message CMOS Battery n’apparaît plus et la machine a booté... sur Windows 95 ! Et que dire à part que c'est un grand retour en arrière, la dernière fois que j'ai utilisé ce système d'exploitation c'était probablement au collège, fin 90 début 2000. Pour corser le tout j'ai tout fait au clavier car je n'ai pas de souris à brancher sur un port série. Au risque de faire mon vieux con, je suis toujours étonné qu'on arrive à faire tourner un OS graphique complet avec seulement 24 Mo de mémoire vive, de manière plutôt correcte. Linux, Android, iOS et Windows devraient s'en inspirer! Point.
Ce projet ayant duré plusieurs mois, je dois dire que je suis satisfait d'avoir réussi à faire démarrer la machine. L'état de Windows 95 semble indiquer qu'il a été utilisé jusqu'en 1999 et je ne peux que supposer que le PC a ensuite dormi dans un grenier pendant 21 ans avant d'entre envoyé à la poubelle et de finir entre mes mains.
La prochaine étape est de remplacer le disque dur par une carte compact Flash et y installer MSDOS 6.22 pour en faire une machine de retro gaming. A bientôt pour de nouvelles aventures dans le monde des années 90!
Il y a presque un mois, j'évoquais avoir retrouvé un Acer Aspire 3022WLMI et installé Debian Buster i386 pour tenter d'en faire quelque chose: Un pc portable de 2005 est-il utilisable en 2020 ? Le constat était bien triste: avec 512 MB de RAM il est impossible d'utiliser Firefox et d'aller sur le web. Poussé par la curiosité, j'ai commandé un kit 2x1 GB pour €12 (port inclus) afin de voir si cela allait débloquer la situation.
Et il faut constater qu'en passant de 512 MB à 2 GB de RAM, les choses s'améliorent grandement pour le web. On peut enfin naviguer sans que la machine ne freeze mais il ne faut cependant pas crier victoire trop vite. Je vais régulièrement sur Youtube et les vidéo ne sont tout simplement pas lisibles même en 480p. Il faut se rappeler qu'en 2005 Youtube n'existait pas et que regarder une vidéo en ligne était synonyme de RealPlayer et de qualité de visionnage infâme. Dans tous les cas le décodage matériel n'existait pas sur PC, c'est donc le Sempron 3000+ qui hérite de cette tâche, en plus de devoir gérer tous les scripts pour faire fonctionner le site. Résultat, la vidéo saccade. J'ai essayé avec VLC (en utilisant la commande vlc suivie de l'url Youtube) mais le résultat n'est pas meilleur. De toutes façons, avec le WiFi limité à 54Mbps, la bande passante risquerait de poser un problème.
Comme on peut le voir sur cette image, la consommation de mémoire à vide est de 265MB pour Debian Buster i386 + Mate, ce qui me semble assez similaire aux chiffres de 2007-2008 dont je me souviens (sous Gnome2). Malheureusement la consommation à vide ne veut pas dire grand chose puisque Firefox et le web que l'on associait à des usages légers à l'époque sont aujourd'hui en état d'obésité morbide. Par ailleurs la consommation de mémoire d'un OS n'est pas le seul élément à prendre en compte, encore faut-il qu'il les utilise correctement. Par exemple Windows 10 est beaucoup plus gourmand mais dispose de mécanismes de compression de la mémoire et gère très bien son fichier d'échange, ce qui fait que même à saturation le système reste utilisable.
Initialement je réparais cette machine pour l'utiliser en attendant que mon Dell Latitude E5540 soit réparé, mais vu qu'entre temps j'ai acheté un Latitude 5500BTX, je n'en ai plus besoin et vais clore ce mini projet. Voici les conclusions que j'en tire :
Je suis bien content que Debian supporte encore le 32-bit, même si je ne suis pas contre l’arrêt du support de cette architecture.
Alors qu'à l'époque je galérais pour faire fonctionner le Wifi et la carte graphique, aujourd'hui tout fonctionne out-the-box. Le support matériel de Linux est aujourd'hui très bon.
Debian i386 + Mate ne semble pas consommer plus de RAM qu'à l'époque de Gnome 2, il y a plus de 10 ans.
Firefox et le web ne sont pas utilisables avec 512MB de RAM.
Cette machine ne vaut plus rien aujourd'hui, la DDR mobile non plus (€12 avec le port), il faut en profiter. Dans quelques années les PC de l'époque XP deviendront des collector, comme pour le DOS aujourd'hui.
Encore une fois, j'ai cassé l'écran de mon DELL Latitude E5540, ma machine principale pour internet, les loisirs, et le codage perso. En attendant de recevoir une dalle de rechange, j'improvise. J'utilise beaucoup mon rig de gaming avec une machine virtuelle Linux, mais je perds l'aspect mobilité. J'ai donc fouillé dans mes placards et trouvé un vieil Acer Aspire 3023 WLMI, une machine de 2005 équipée d'un AMD Sempron monocoeur, 512 MB de RAM, une ATI X700, et un HDD de 100 GB. Il est prévu pour fonctionner sous Windows XP.
Oui, c'est bien une de ces horreurs bas de gamme qui ont pullulé à une époque où Acer s'est rendu compte qu'il suffisait de vendre des machines à bas prix peu importe la qualité afin d'inonder le marché, c'est ce que toutes les marques font aujourd'hui d'ailleurs. Dans mon esprit la gamme Aspire c'est avant tout des charnières qui finissent par lâcher, ce qui est le cas pour le 3023 WLMI en ma possession. De plus les processeurs Sempron n'était pas réputés pour leur vélocité, ils servaient principalement de réponse aux Celeron de Intel, c'est à dire pour meubler l'entrée de gamme au prix le plus bas possible quitte à plomber la machine avec des performances misérables même pour l'époque.
Pour la petite histoire, mon tout premier notebook était un Acer Aspire 5022 WLMI avec un AMD Turion ML-30 à 1,6 GHz , 1GB de RAM, une carte graphique ATI X700. Pendant un certain temps il fut ma machine de gaming principale, c'est fou, je pouvais jouer à Half Life 2 en graphismes Max en 1280x800, bien avant que le moteur Source ne soit mis à jour bien entendu. La machine chauffait tellement que je ne pouvait pas poser mes poignets à nu dessus et la ventilation faisait le bruit d'une turbine. Et bien entendu, les charnières ont fini par lâcher. Concernant Linux, c'était à l'époque des pilotes ATI misérables, les fameux fglrx instables au possible, les choses ont bien changé aujourd'hui. Pour le wifi il fallait utiliser ndiswrapper + un driver à compiler pour faire fonctionner le petit bouton on/off (acerhk ou aceracpi).
Pour en revenir au Acer Aspire 3023 WLMI sorti de mon placard, j'ai installé Debian Buster. C'est long, très long, la faute au disque dur mécanique qui a du mal à suivre. Il faut également veiller à utiliser une version i386 car le processeur ne supporte pas le 64-bit. Pour l'environnement de bureau j'ai sélectionné Mate, et oui à l'époque on pouvait utiliser GNOME2 sur ce type de machine donc pourquoi pas. Et il faut reconnaître que tout fonctionne out-the-box, surtout l'accélération graphique et le WiFi, c'est gros progrès par rapport à l'époque. Par contre ça rame... ça rame beaucoup. Rien qu'installer un paquet prend énormément de temps, et Firefox est à peine utilisable sans faire planter la machine. La lenteur générale est due aux faibles performances du disque mécanique et les blocages sont liés à la mémoire insuffisante. Pour lancer Firefox et aller sur le web de nos jours il faut au minimum 1,5 GB de RAM. Inutile de dire qu'avec 512 MB ça swap direct, et sur un disque mécanique arthritique, c'est la mort. Vous allez sûrement me dire en commentaires que j'aurais du utiliser Xfce ou LXDE, des environnements plus légers. Cela ne change rien. Peu importe l'environnement, à partir du moment où on ouvre un navigateur web, la mémoire explose. Ce type de machine est simplement obsolète pour le Web aujourd'hui.
Pour le défi, j'ai commandé un kit 2x1 GB de DDR sur eBay. On va voir si avec 2GB de RAM la machine est utilisable pour quelque chose. Je doute cependant que Firefox soit capable de lire une vidéo Youtube. A bientôt pour de nouvelles aventures.