Next INpact devient accessible sur abonnement et repense son modèle économique
Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que :
- Je suis déjà abonné à NextINpact, payant, parce que j'adore ce site et que j'ai réellement envie de les soutenir.
- NextINpact est un très bon site d'actu informatique.
- L'équipe de NextINpact a l'air assez au courant des enjeux de la publicité sur le web et de la difficulté à se financer, j'imagine que c'est une décision réfléchie.
- Je comprends que sur le web ce n'est pas facile de se financer. J'en parlais dans mon article La gratuité du web .
Mais quand mon abonnement sera terminé, je ne pense pas le renouveler.
Je suis contre ce passage au modèle payant, même si j'ai conscience que ma réaction est égoïste puisque je suis un lecteur passif qui se contente de consommer les articles sans réellement réaliser le coût de l'information. Mais je suis aussi un geek qui a grandit avec un web gratuit, communautaire, partageur, sorte d'utopie dans laquelle il n'y a pas que de la haine comme beaucoup le disent et où l'information circule librement sans frontières. Le problème est que depuis 10 ans on a d'un côté les réseaux sociaux qui cloisonnent ce web en rendant l'information hermétique, obligeant les utilisateurs à s'inscrire pour consulter les contenus, et de l'autre des sites qui ferment leurs portes à ceux qui refusent de sortir leur carte bleue.
Et c'est merdique de se dire que le web aujourd'hui se résume aux immenses décharges que sont les réseaux sociaux, aux contenus gratuits publicitaires putaclick et à des sites qui se renferment sur eux-mêmes pour survivre. Plus on avance et moins il y a de quoi être optimiste.
On va tous mourir et c'était mieux avant.
Je suis un vieux, je ne suis pas inscrit sur facebook et j'utilise encore les flux RSS pour suivre mes sites favoris. Un agrégateur de flux RSS permet, comme son nom l'indique, de vérifier l'existence de nouveaux éléments et les notifier a l'utilisateur. L'effet intéressant c'est que cela permet de mesurer la masse d'information que l'on reçoit. Par exemple certains utilisateurs ont tellement de flux qu'ils sont notifiés de plusieurs milliers d'éléments par semaine, ça fait beaucoup.
En ce qui me concerne je suis abonné à plusieurs sources. Longtemps "suiveur" de Phoronix j'ai fini par laisser tomber pour deux raisons :
- Ce site inonde mon agrégateur de flux RSS, parfois plusieurs dizaines d'articles par jour.
- Le manque de pertinence de l'information proposée. Pour illustrer mon propos voici un article exemple : Sarah Sharp Steps Down As Linux Kernel Developer. Reprise d'une mailing list, aucune analyse, aucune critique, juste les polémiques inutiles en commentaires.
Pourquoi une telle dégradation de la qualité de l'information ? Selon moi c'est simplement pour survivre.
L'économie gratuite du web est en crise car le modèle de financement par la publicité est à bout. A la télévision ou à la radio on peut zapper mais ce n'est pas mesurable, entendez par là que les annonceurs ne savent pas combien de personnes ont effectivement écouté la publicité. Par contre sur le web, avec les bloqueurs de publicité c'est possible, les annonceurs savent combien de fois la publicité a été vue. Cela leur permet de rémunérer plus ou moins le site qui les affiche, et c'est ça le problème car plus il y a d'utilisateurs d'AdBlock/uBlock, moins il y a d'argent. C'est donc le prétexte rêvé pour accuser les internautes de tuer les sites qu'ils visitent en bloquant la publicité.
La culture du financement par la pub, fléau du XXIe siècle et solution par défaut à tous les problèmes me tape sur le système. Un web sans bloqueur de publicités est simplement inenvisageable pour moi. Tuxicoman a mesuré le nombre de requêtes HTTP, le volume et le temps de chargement des pages sur des sites connus avec et sans bloqueur de publicité, son constat est le suivant : ~90% du temps d’affichage des articles de ces sites est dépensé par l’utilisateur pour quelque chose dont il se fout : la publicité et l’espionnage de son comportement.
La solution ne passe donc pas par la culpabilisation ou le rejet des utilisateurs d'AdBlock/uBlock mais par un changement sérieux de politique de la part des annonceurs, ou de modèle économique pour les acteurs du web.
Beaucoup de sites d'information proposent déjà des abonnements payants aux visiteurs, leur permettant ainsi de ne pas avoir de publicité. Phoronix en fait partie et pour convaincre les visiteurs de débourser de l'argent, il faut se démarquer. Pour cela soit il faut faire de l'information de qualité, soit mitrailler à longueur de journée des contenus courts. C'est visiblement la seconde option qui a été choisie et c'est regrettable. A l'inverse, Nextinpact mise sur l'information de qualité. En effet les articles sont plus long et surtout l'information est analysée et critiquée. Le journaliste Marc Rees par exemple lit les textes de loi pour nous en expliquer le principe et grâce à lui nous avons suivi l'arrivée de la Loi sur le renseignement, avec une analyse plus pertinente que beaucoup de media qui se contentaient de dire "cette loi va régulariser ce qui se faisait avant, c'est pour votre sécurité, faites pas chier, vous n'allez pas en mourir, lol". Coluche disait : Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent, c'est pire !. NextInpact fait exception et c'est pourquoi je me suis abonné (payant).
D'autres sites suivent la voie du rachat et de la centralisation. Jeuxvideo.com par exemple s'est fait racheter par Webedia, grand annonceur de contenus publicitaires. Cette dépendance est risquée car quid de la liberté de publication des journalistes quand celui qui donne le chèque a tout intérêt à placer un maximum de publicité et de contenus sponsorisés. Le journaliste est-il libre de dire que le gros jeu du moment est une bouse sachant que le site sur lequel il publie diffuse de la publicité pour ce même jeu ? Non. Real Myop, co-auteur d'une émission vidéo à succès (Speed Game) diffusée sur jeuxvideo.com, dénonce la dégradation de l'ambiance et des conditions de travail depuis leur rachat par Webedia ayant même poussé plusieurs chroniqueurs à la démission : article à lire ici. De plus, que se passera-t-il si la majorité des sites d'information finissent dans les mains d'un seul groupe et que ce dernier décide d'imposer un abonnement payant aux visiteurs ?
En conclusion, on constate que la roue tourne. En effet les sites gratuits d'information qui ont tué les journaux papier sont à leur tour en train de mourir et cherchent comment être rentables ou simplement comment survivre. La croissance explosive du web a atteint son maximum, et tout comme la crise des jeux vidéo de 1983, beaucoup d'éditeurs disparaîtront, ceux qui survivront changeront de modèle économique ou le conserveront et auront le monopole.
Et oui, ceci est le premier article du blog.
Qui suis-je ? Certainement un fou pour lancer un blog en 2016, à l'heure où tout le monde ne jure que par les réseaux sociaux à travers le web.
Oui les blogs disparaissent mais ils restent un excellent moyen de publication non formaté adapté à des écrits subjectifs. Et c'est précisément ce point qui m'intéresse car il m'arrive souvent d'avoir des choses à dire ou à partager et les quelques rares réseaux sociaux que je fréquente ne me conviennent pas.
Gérer l'hébergement est une chose amusante pour moi. Le blog est propulsé par Ubuntu (Debian Jessie) + Pluxml + Nginx et hébergé sur un VPS chez Leaseweb. L'accès est possible en HTTP ou en HTTPS signé par Let's Encrypt que je trouve vraiment très intéressant et dont je ne manquerai pas de parler.
EDIT : Désormais c'est Scaleway.
Vous ne trouverez pas de publicité ni d'articles sponsorisés car ce blog n'a pas vocation à rapporter de l'argent.
N'hésitez pas à vous abonner au flux RSS (oui ça aussi c'est obsolète mais tellement pratique) pour suivre mes aventures.