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Red Hat rime avec cul de sac

Rédigé par uTux 10 commentaires

Il fut une époque où je ne comprenais vraiment pas l'intérêt de Red Hat car j'y voyais une distribution payante avec très peu de logiciels disponibles dans les dépôts (même pas nginx) et des composants encore plus obsolètes que Debian. Et puis à force de voir son clone gratuit - la distribution communautaire CentOS - utilisé partout en entreprise j'ai enfin compris ce qui plaît :

  • Le support de 10 ans (à une époque j'étais naïf, je pensais que les entreprises installaient rapidement les mises à jour et n'aimaient pas se traîner des vieux logiciels... en fait c'est tout l'inverse !)
  • Les correctifs de sécurité backportés, ce qui permet de mettre à jour sans vraiment mettre à jour.
  • L'écosystème logiciel et matériel, c'est rassurant d'avoir un contrôleur SCSI dont le driver est certifié Red Hat.
  • SELinux (rires dans la salle).

Red Hat a toujours eu un modèle économique surprenant car d'un côté ils vendaient leur distribution commerciale (Red Hat Enterprise Linux - ou RHEL) et de l'autre ils sponsorisaient un clone gratuit (CentOS) identique au bug près (1:1 bug). Et pendant très longtemps, cela a permis à beaucoup de gens - particuliers et entreprises - de profiter de l'écosystème Red Hat - sans devoir payer un centime.

Phase 1 : sabordage de CentOS

Suite au rachat surprise de Red Hat par IBM en 2019, cette politique est en train de changer, et le message est clair : ils en ont marre des gens qui ne paient pas, il va falloir passer à la caisse. Ainsi l'ouverture des hostilités a commencé avec un changement de politique de CentOS :

  • CentOS 8, qui devait suivre le cycle de RHEL 8, ne sera finalement pas supportée 10 ans mais à peine un an.
  • CentOS n'a plus vocation à être un clone gratuit de RHEL mais sera un équivalent à "Windows Insider". Vous ne l'utiliserez plus pour profiter de la stabilité de Red Hat, mais pour tester les nouveautés en amont.

Ces changements ont sabordé l'intérêt même de CentOS et il n'a pas fallu longtemps avant de voir fleurir de nouveaux projets alternatifs avec pour objectif de fournir à nouveau un clone de RHEL gratuit : AlmaLinux, Rocky Linux, ou encore Oracle Linux qui existait déjà depuis presque 10 ans, mais en vrai personne n'aime Oracle et personne ne leur fait confiance :)

Phase 2 : blocage de l'accès aux sources

Là encore Red Hat ne voyait pas d'un bon œil la prolifération de clones gratuits de RHEL, ils décidèrent donc de réserver l'accès aux sources à leurs clients. Désormais, les seules sources publiques seront celles de CentOS, qui rappelons-le n'est plus la même chose que Red Hat. Or, les clones ont besoin des sources de RHEL, ce qui pose évidemment un problème.

Ce qui selon moi enfonce le clou, c'est ce communiqué de Red Hat de la part Mike McGrath, "Vice President of Core Platforms Engineering at Red Hat" (pas de traduction pour ne pas dire de bêtise). Le passage croustillant est :

I feel that much of the anger from our recent decision around the downstream sources comes from either those who do not want to pay for the time, effort and resources going into RHEL or those who want to repackage it for their own profit. This demand for RHEL code is disingenuous.

Voilà, les termes sont lâchés, ceux qui se plaignent seraient les gens qui ne paient pas. On est donc pas très loin d'une rhétorique anti open source, un retour 20 ans en arrière quand Linux était vu comme un truc d'illuminés et que l'informatique des gens sérieux c'était vendre des logiciels propriétaires en boite.

Alors oui, c'est leur droit, d'autant que le débat sur la manière de gagner de l'argent avec du logiciel gratuit est sans fin. Mais à partir du moment où Red Hat prend en otage du code source pour obliger les utilisateurs à passer à la caisse, c'est une pratique du monde propriétaire.

Red Hat est dans la légalité, dans son bon droit, mais les utilisateurs doivent comprendre que les choses n'iront pas en s'arrangeant, bien au contraire.

Conclusion

Dans mon article Le drame CentOS 8 je disais qu'il était urgent d'attendre que la situation se clarifie et qu'il ne fallait plus installer de CentOS 8. Aujourd'hui, la situation me paraît suffisamment claire : payez vos licences Red Hat ou partez chez Debian.

Il est illusoire de penser qu'il suffit de passer sous Alma ou Rocky pour résoudre le problème car l'avenir de ces distributions communautaires parait aujourd'hui incertain, d'autant que nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle surprise de la part de Red Hat.

Faites des choix courageux, ne laissez pas pourrir vos infrastructures juste parce que vous n'avez pas le budget ou le temps pour vous en occuper. Ne prenez pas du CentOS juste pour avoir l'air d'un pro et affirmer fièrement à vos clients que vous travaillez avec du Red Hat. Ne croyez pas que faire les mises à jour dans 10 ans sera moins chiant que de les faire dans 5 ans, bien au contraire.

Si vous voulez rester dans la Red Hat family (CentOS, Rocky, Alma) faites-le pour de bonnes raisons. Ne restez pas volontairement prisonnier d'un écosystème qui ne veut plus de vous.

Liens

Rendez-nous les pouces rouges !

Rédigé par uTux 2 commentaires

Vous n'êtes sans doutes pas passé à côté de cette information : YouTube supprime le compteur des dislikes pour lutter contre le harcèlement. Le but est d'encourager les jeunes créateurs de contenus, en leur épargnant de se faire harcler par marées de pouces rouges. LOL.

C'est une mauvaise décision, et je vais essayer d'exprimer mon point de vue sans parler de Cancel culture car d'une part ce n'est pas mon intention, et d'autre part je pense que le but n'est pas réellement de protéger les créateurs, mais les intérêts des partenaires.

Tout d'abord, YouTube semble amalgamer les pouces rouges avec le harcèlement. S'il est vrai qu'une vague massive de dislikes peuvent avoir pour objectif de porter atteinte à une personne ou à une marque (voir Review bomb), c'est un phénomène très marginal, et plutôt dirigé envers les entreprises. Sony en a fait les frais avec son trailer Ghostbusters 2016 ou avec la première version du design de Sonic the Hedgehog sorti en 2020.

Ensuite, si le but est vraiment de protéger les créateurs du harcèlement, alors je pense que c'est une mauvaise décision, car sans le compteur de dislikes, les spectateurs iront poster des commentaires à la place pour exprimer leur opinion. A mon sens, un commentaire agressif est infiniment plus blessant qu'un pouce rouge. Et le pire dans tout cela, c'est que les créateurs voient toujours les dislikes dans leurs statistiques, ils ne sont justes plus affichés publiquement, donc le prétexte tombe complètement à plat.

Je ne considère pas les dislikes comme un outil de harcèlement, le but est simplement de donner un avis sur la qualité d'une vidéo, c'est une sorte de vote, et c'est très utile. Par exemple lorsque je recherche des tutoriels pour du bricolage, la note de la vidéo me permet de voir si l'auteur dispense de bonnes pratiques, ou si au contraire il n'y connaît pas grand chose. C'est donc pour moi une fonctionnalité importante de la plateforme qui disparaît.

DIY bad practises

Au final cette décision est une fausse solution à un problème qui n'en est pas un. La plateforme est gangrenée par des problèmes bien plus graves, en premier plan la rémunération des vidéastes. Si vous voyez de la publicité pour NordVPN ou RAID Shadow Legends dans toutes les vidéo, c'est parce qu'il est devenu quasi impossible d'être rémunéré par YouTube. Fred de l'émission Joueur du Grenier explique par exemple que le simple fait d'avoir utilisé "le rire" de Michael Jackson (Thriller) a suffit pour Claim une de leurs vidéos. Le Claim, c'est quand un ayant droit s’accapare la totalité de la rémunération de votre vidéo, sous prétexte que vous utilisez un élément soumis aux droits d'auteurs. Même si vous utilisez un extrait qui dure 2 secondes, même si la loi française l'autorise (exceptions au droit d'auteur), c'est une entreprise qui touchera la totalité des revenus de la vidéo pour laquelle vous avez travaillé.

Pour conclure, cette décision unilatérale de retirer l'affichage des Dislikes est représentative de la politique désastreuse de la plateforme. Si vous voulez protester :

  • Faites-le savoir sur l'annonce officielle (aucun scrupule à review bomb quand c'est une société qui de toutes manières n'a rien à craindre)
  • Installez uBlock Origin, coupez les vannes de la publicité qui ne sert qu'à rémunérer les ayants droits. Les vidéastes ne touchent déjà plus rien de toutes manières.
  • Demandez à vos vidéastes préférés d'aller sur d'autres plateformes, au moins en secondaire. Ils se plaignent sans arrêt de Youtube mais refusent d'aller voir ailleurs, par peur de perdre des vues ou de froisser leurs sponsors. Motivez-les.

Et c'est malheureusement tout ce que nous pouvons faire pour le moment. La plateforme jouit d'un monopole complet et n'a aucune concurrence. La télévision 3.0 est déjà là, et ce n'est pas une bonne chose.

EDIT: grâce à l'extension "Return YouTube Dislike" on peut voir le vrai score de l'annonce officielle au 05/12/2021, et ça montre à quel point les utilisateurs sont mécontents :

Dislikes annonce

Le drame CentOS 8

Rédigé par uTux 2 commentaires

La nouvelle est tombée il y a quelques jours : le support de CentOS 8 se terminera fin 2021 et la distribution basculera à 100% sur le modèle Stream. C'est un changement de gouvernance brutal et destructeur pour ses utilisateurs car CentOS ne sera plus un clone de Red Hat gratuit mais plutôt son pendant "Windows Insider".

Il faut bien comprendre que CentOS c'est quelque chose de gros : c'est la 2e distribution la plus utilisée au monde sur les serveurs Web Linux en 2020 avec 18,8% de parts de marché. Moi qui travaille avec du Cloud et du Linux en entreprise, je confirme que ça représente à la louche 60% de nos serveurs (non Windows) peut-être même plus.

Qu'est-ce qui plaît autant dans cette distribution encore plus en retard que Debian et avec des dépôts tellement vides qu'il n'y a ni nginx ni htop ?

  • C'est basiquement un clone gratuit de Red Hat, donc très stable et certifiée par des tas de constructeurs de matériel et éditeurs de middlewares.
  • Support incroyablement long, une dizaine d'années.
  • Bénéficie de l'énorme documentation en ligne de Red Hat.
  • La pauvreté des dépôts est compensée par EPEL et SCL (mais aussi tout un tas d'autres).
  • La version du kernel est vieille mais les drivers et correctifs de sécurité sont backportés dedans.
  • Certains n'aiment pas les libertés prises par Debian dans le packaging de certaines applications (par exemple Apache). CentOS est un peu plus proche de l'upstream sur ce point.

En gros CentOS était une distribution incassable, prévisible, ennuyeuse, et avec un support extrêmement long. On comprend alors que l'abandon de cette stabilité au profil d'un modèle de type "testing" ou "insider" va totalement à l'encontre de ce qui faisait son intérêt. Mais alors, que peut-on faire ?

Si possible, ne plus déployer de CentOS 8 en attendant que la situation se stabilise. Cette annonce a provoqué de très nombreux retours négatifs de la communauté et il est évident que le projet se rend compte qu'il se saborde lui-même. En ce qui me concerne j'espère soit une annulation de cette décision, soit au contraire un message clair qui indique qu'IBM/Red Hat ne veut plus de CentOS dans sa forme actuelle, dans les deux cas nous serions fixés sur l'avenir.

En attendant, si vous devez déployer de nouveaux serveurs, il existe des alternatives :

  • Si vous n'avez aucune fidélité à RHEL/CentOS ou aux RPMs, Debian et Ubuntu sont des alternatives de choix. J'ai une nette préférence pour la première que j'ai toujours trouvé plus légère, plus stable, et qui n'installe pas snap par défaut.
  • CentOS 7 reste une option à ne pas négliger, car supportée jusqu'en 2024.
  • Si vous avez besoin de la compatibilité RHEL/CentOS 8, il y a Oracle Linux. Alors oui le nom fait peur car quand on parle d'Oracle on pense aux tarifs exorbitants, à OpenOffice, et aux pratiques crapuleuses, il n'empêche que la distribution est bien gratuite et qu'elle perdure depuis 2013, en plus d'être elle aussi un clone de Red Hat. Elle est fournie avec deux kernel : RHCK (compatible Red Hat / CentOS) et UEK (Unbreakable Enterprise Kernel, plus récent et ne nécessitant pas de reboot). Oracle Linux est à mon sens l'alternative la plus crédible à CentOS. Pour couronner le tout, un script de migration est disponible : lien vers un retour d'expérience.
  • Je ne recommande pas Rocky Linux, c'est beaucoup trop tôt. Des tas de distributions naissent et meurent chaque année, ou se retrouvent parfois dans un état intermédiaire façon Mageia, donc attendons de voir si Rocky aura les moyens de ses ambitions. Elle n'est de toutes manières pas encore disponible.

Il est urgent d'attendre, laissez passer les fêtes pour voir comment la situation évolue. Voilà mon avis sur le feuilleton CentOS ;)

Mon internet est pessimiste

Rédigé par uTux Aucun commentaire

Il s'agit d'un article un peu politisé, chose que j'essaie habituellement d'éviter car je préfère parler technique, mais j'ai besoin d’extérioriser certaines choses. Ce qui me déprime le plus en ce moment, c'est ça:

Et oui, avec 96,9%, la France est en tête du classement des votes favorables ! J'ai honte. Ce taux montre le poids incroyable des ayants-droits en politique, ou peut-être simplement est-ce révélateur d'un niveau de corruption très élevé dans nos représentants. Les partisans de la directive Droit d’auteur, un lobbying jusqu’à saturation: dans cet article intéressant, on y apprend que les principaux soutiens sont:

Pour faire passer la pillule d'une loi protectionniste envers une industrie richissime qui se porte très bien, il fallait bien sûr jouer la carte de l'Europe contre les méchants GAFAM qui ne paient pas les droits d'auteur les impôts. Mais ce que l'on ne dit pas c'est que Youtube, particulièrement visé par cette loi, est une plateforme qui permet à des dizaines de milliers de créateurs de contenus de s'exprimer et vivre de leur passion. Et c'est à eux que l'on s'attaque.

Depuis bientôt 3 ans je n'ai plus de télévision, parce que les programmes ne correspondent plus à mes attentes et que mon mode de consommation s'est tourné vers Youtube et ses nombreux créateurs de contenus. Je ne sais pas s'il faut être stupide ou courageux pour admettre que l'on aime un GAFAM, mais il y a de très nombreuses émissions et chaînes que j'adore et qui n'auraient pas pu exister sans Youtube: Science Etonnante, Hygiène Mentale, MrMeeea, LGR...

Et il se trouve que cette loi Européenne risque bien de tuer tout ça en augmentant encore plus la pression sur le filtrage des contenus. En effet, avec l'article 13 quel avenir pour les chaînes qui traitent des sujets suivants:

  • Revues/critiques/analyses de films ?
  • Pop culture, vieilles publicités, séries, films, jeux-vidéo ?
  • Émissions qui parlent de musique ?
  • Parodies, détournements, YTP ?
  • Emprunt d'extraits musicaux pour des sketches ou illustrations ?

Je ne sais plus quoi faire. Le lobby de l'industrie du divertissement est trop puissant. La majorité des gens s'en moquent, nos représentants sont soumis aux lobbys, les manifestations ne servent à rien si elles ne sont pas violentes, et les media de grande audience sont du mauvais côté. Nous allons continuer de payer toujours plus cher notre redevance sur la copie privée et la censure va continuer à s'imposer au nom du droit d'auteur.

Peut-être faudrait-il un geste fort, que Google ferme son moteur de recherche d'actualités, bannisse les chaînes Youtube appartenant aux ayant-droits (qui diffusent les clips musicaux officiels), voire même quitte administrativement l'Europe (bonne chance ensuite pour imposer des choses à un service 100% américain).

Un peu à la manière du végétarisme, on peut aussi voter avec notre porte-feuille. Ne plus acheter de musique, de films ou de media traditionnels, ne plus acheter de supports soumis à la copie privée. Mais je doute que ce soit suffisant face à leur puissance financière.

Si on ajoute à cela la fin de l'anonymat qui nous pend au nez ainsi que celle du chiffrement, je ne peux pas m'empêcher d'être très pessimiste sur l'avenir de l'internet libre en France.

Peut-être qu'un jour il faudra obligatoirement un VPN pour contourner les lois et être tranquille pour des activités autrefois légitimes, légales et libres. En tous cas il est sûr que nous n'avons plus aucun contrôle démocratique sur ce secteur.

Youtube va lutter contre les conspis

Rédigé par uTux 4 commentaires

YouTube recommandera moins de vidéos conspirationnistes (NextINpact).

Je pense qu'en 2019 il est bon que l'on s'attaque enfin à ce genre de vidéo, car il faut les prendre pour ce qu'elles sont : de la merde, sans fondement, sans valeur, et surtout elles sont dangereuses.

Pendant longtemps les documentaires conspirationnistes ont fait le succès de certaines chaînes de TV sur le câble ou la TNT, avec par exemple les pyramides bâties par des extraterrestres. Sauf que depuis une dizaine d'années la télévision se casse la figure et se voit remplacée par Youtube où chacun peut publier son propre contenu. Et dans une société où l'on se méfie de tout, où on ne fait plus confiance à la politique, à la science et aux media, internet et Youtube ont permis aux pseudo-sciences, complots, "réinformations" et fake-news en tout genre de prospérer.

Si certains complots comme Apollo 11 ou la terre plate sont relativement inoffensifs, d'autres peuvent être réellement dangereux par exemple quand on incite les gens à ne plus vacciner leurs enfants. Une personne avec un peu d'expérience sur internet et de culture peut aisément détecter une manipulation, en revanche imaginez quelqu'un qui utilise Youtube pour la première fois. Il va très rapidement tomber sur une vidéo lui expliquant de manière habile que la terre est plate car beaucoup de choses ne sont pas cohérentes avec la théorie officielle, puis Youtube va lui recommander des contenus du même genre, et ainsi il va entrer dans une "bulle" qui peut l'amener à croire les choses les plus absurdes.

Youtube en a marre de servir de repère aux conspirationnistes, diffuseurs de fake news et autres rebus qui à défaut d'avoir une crédibilité scientifique se construisent une visibilité sur internet. Et moi en ce qui me concerne j'en ai marre de voir de bonnes vidéo se faire polluer leurs commentaires par des complotistes anti Apollo 11 ou anti vaccins. Il s'agit d'un exercice délicat, impossible de censurer ces vidéo puisqu'elles ne sont pas illégales, dans ce cas comment faire ? Simple, cesser de les recommander, avec pour espoir de briser ce phénomène de bulle qui aide tant les complotistes. Bien sûr la solution idéale serait d'éduquer les gens pour les amener à détecter eux-même la désinformation, mais il existera toujours des irréductibles qui rejetteront tout ce qui vient "du système" (pour des raisons malhonnêtes ou non) et qui continueront à faire du prosélytisme actif. La preuve c'est qu'on continue à utiliser Opération Lune comme "support" du complot Apollo 11 même si ce documentaire sorti en 2002 ne s'est jamais caché d'être un canular.

Il n'est pas difficile de détecter une vidéo complotiste:

  1. On présente un fait historique ou une théorie scientifique faisant l'objet d'un consensus.
  2. On affirme qu'un élément n'est pas crédible (pas besoin de preuve, suffit d'en appeler au "bon sens" ou d'utiliser des raisonnements fallacieux)
  3. Puisqu'un élément ne parait pas crédible, alors toute la théorie s'effondre logiquement.
  4. Et puisque la théorie s'effondre, alors on peut en présenter une autre, même si elle est totalement débile et sans preuve.

Exemple dans cette vidéo : TUTO : Savoir quand ça craint - DEFAKATOR.

Au delà des complots eux-même, ce qui me chagrine c'est le recul de la science auprès du grand public. L'image souvent véhiculée est celle d'un "grand conseil des sages", qui décide de ce qui est valide scientifiquement ou pas, et il ne faut surtout pas les remettre en cause. Et cette validité serait déterminée par de l'argumentaire et des mathématiques, jamais de concret ou de "bon sens". Youtube et internet seraient donc les derniers endroits où l'on peut encore exprimer des théories alternatives et être "face au système" apporterait donc de la crédibilité. Pour lutter contre ces idées, je ne peux que vous recommander :

  • Hygiène Mentale (zététique pure: utilise des supports pour expliquer les arguments fallacieux et raisonnements biaisés)
  • Defakator (attaque frontale des complots et fakes).
  • Scilabus (mise en place d'un protocole expérimental pour tester une croyance envers les métaux et le corps humain).
  • Youtube kicke les conspis ! (même si je ne suis pas toujours fan du bonhomme, je partage son analyse).
  • Debunk du complot Apollo 11 (au dela du complot lui même je trouve intéressant de montrer que l'on présente comme des scientifiques et ingénieurs des gens qui ne le sont pas du tout).
  • Les crop circles (la méthode scientifique face aux méthodes ésotériques pour tester un cercle de culture).
  • Si vous ne croyez pas que la terre est ronde, rejoignez un club d'astronomie et regardez dans un télescope (mouvement du ciel, apparence des autres planètes...)
  • Jouez à Kerbal Space Program.
  • Lire les sources (une affirmation extraordinaire demande des preuves extraordinaires. Ce qui est affirmé sans preuve peut être rejeté sans preuve).
  • Si on vous vend une croyance qui va à l'encontre d'un consens scientifique, déjà ça craint.
  • Un conférencier auteur de livres à succès n'est pas plus crédible qu'un consensus scientifique.
  • La science et les opinions c'est pas pareil.
  • Quand un scientifique parle d'un sujet scientifique au grand public, ce n'est pas parce qu'il est payé par une méchante industrie ou par le gouvernement, c'est peut-être juste parce qu'il connaît son domaine.

En conclusion il est triste d'en arriver là et de frôler la censure, mais on fait face à un incendie de bêtises qu'il faut éteindre au jet d'eau. Je suis favorable à cette décision de Youtube qui pourra peut-être faire remonter un peu le niveau déjà bien bas aujourd'hui.

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