Billet précédent: Maître de stage - Episode 0: Les origines.
La première étape est donc le recrutement. Il se déroule ainsi :
- Trouver un sujets de stage, au moins savoir de quoi ça va parler. Ce n'est pas forcément évident car cette étape se déroule plusieurs mois avant le stage, on ne sait pas forcément sur quoi on va travailler et quels projets vont se présenter. Le sujet global que je propose est le Cloud Public Azure / AWS.
- Définir une fiche de poste, qui énonce le profil recherché (stage de fin d'études pour un bac +5) et les technologies sur lesquelles l'étudiant sera amené à travailler. Une présentation de l'entreprise et de ce que fait notre équipe est également requise.
- Éplucher les candidatures et les CVs.
- Faire passer les entretients.
- Retenir un candidat...
Je n'avais jamais fait l'exercice d'être du côté recruteur, c'est étonnant, je comprends maintenant la difficulté de cerner un candidat rien qu'en lisant son parcours sur une feuille A4. Je ne voulais pas être "le mauvais recruteur qui met injustement les CVs à la poubelle" mais je devais quand même trouver des critères objectifs et justes, tout en ayant conscience qu'un stagiaire est un stagiaire, il n'aura que très peu des compétences techniques recherchées. Accessoirement j'ai ressenti un petit "coup de vieux" en voyant les dates de naissance (1997)...
Passons maintenant à l'entretien. J'ai en fait des dizaines voire plus dans ma vie, toujours du côté candidat et je connais bien les règles du jeu. Apprendre à se présenter, à détailler son parcours, expliquer ce qui nous motive, parfois donner les réponses que le recruteur veut entendre (des défauts qui sont en fait des qualités), bla bla bla. Mais cette fois-ci j'étais de l'autre côté de la table, celui du recruteur. Et tout à coup c'était à moi de mener l'entretien, lancer les sujets, poser des questions constructives pour inciter le candidat à parler de lui. Heureusement mon chef m'a beaucoup aidé et est venu au premier entretien. J'ai retenu la formule suivante :
- Demander au candidat de se présenter, noter certains mots clés.
- Présenter l'entreprise, présenter notre métier, ce qui est attendu du candidat.
- Phase d'échange où on réutilise les mots clés pour interroger le candidat (hm, tu as fait un stage dans une entreprise qui fait de l'hébergement web, est-ce qu'il y avait de la HA ? De la virtu ? etc...). On répond aussi aux questions de ce dernier.
- On évoque les hobbies surtout les jeux vidéo ou la bidouille informatique, ça détend et parfois le candidat nous apprend des choses supplémentaires.
- Évoquer les modalités (salaire, horaires, transports...).
Dans un CV étudiant, les stages passés ont des sujets très variés voir radicalement différents, donc il n'est pas facile de trouver le fil rouge. Il faut essayer de comprendre les sujets qui ont été traités, les compétences mises en jeu, et ce que le candidat a appris. Je l'interroge sur sa culture informatique, s'il bidouille sur son temps perso, etc. Et bien sûr on juge le savoir-être, notamment la manière de s'exprimer, la politesse, on cherche à savoir si le sujet l'intéresse vraiment.
Après l'entretien arrive le débriefing en interne. Le candidat ne peut pas correspondre à 100% aux attentes, on essaie donc de juger s'il sera apte et suffisamment motivé pour le stage, en se rappelant encore une fois que c'est un étudiant. Finalement, nous avons dit oui, son savoir-être a beaucoup joué même si les compétences pouvaient paraître un peu faibles.
De manière humble je dois avouer que cette expérience, qui m'a placé du côté du recruteur, m'a appris beaucoup de choses. J'ai du mettre des mots sur ce que je fais chaque jour dans mon métier, apprendre à analyser les candidatures, construire un entretien qui mette le candidat à l'aise, et essayer de concilier l'aspect humain et rationnel. Je sens peser la triple responsabilité de choisir le bon candidat pour l'entreprise, pour moi, et pour lui-même. Je suis clairement sorti de ma zone de confort, de la technique, et ce n'est que le début.
L'épisode 2 parlera des préparatifs et de l'arrivée du stagiaire.
A 32 ans, j'accueille mon premier stagiaire. J'avais cette idée en tête depuis quelques années déjà, mais je n'étais pas dans la bonne entreprise ou pas suffisamment "posé" pour me lancer dans l'aventure. C'est maintenant chose faite. Je vais essayer de tenir une série de billets dans lequel je décris cette expérience.
J'aime mon métier et j'ai envie de le transmettre, de former quelqu'un, le motiver, l'encourager si c'est la voie qu'il veut suivre. En même temps j'ai conscience des risques, un stage ou un contrat pro qui se passe mal peut casser un projet ou démotiver l'étudiant à travailler dans ce domaine. C'est ce qui m'est arrivé quand j'ai fait mon BTS, erreur de casting pour le stage, suivi de "la crise" en 2008, résultat j'ai totalement abandonné le domaine en question pour me "reconvertir" dans l'informatique mais tout en bas de l'échelle. Au final ce fut une bonne chose mais j'ai l'impression d'avoir perdu plusieurs années dans ma carrière professionnelle. Je dois maintenant faire mon maximum pour recruter la bonne personne et le faire monter en compétences, lui confier des sujets ni trop faciles ni trop difficiles, varier les domaines (architecture, réseau, projet...) juste assez pour que les 6 mois de stage le motivent à continuer !
Lorsque j'ai présenté l'idée à mon équipe et à mon chef, les réactions ont été positives mais on m'a averti qu'un stagiaire demande beaucoup de temps. J'ai compris que j'allais devoir améliorer mon organisation et potentiellement voir augmenter ma charge de travail, mais j'ai quand même envie de tenter le coup.
L'épisode 1 parlera du recrutement.
Il s'agit d'un article un peu politisé, chose que j'essaie habituellement d'éviter car je préfère parler technique, mais j'ai besoin d’extérioriser certaines choses. Ce qui me déprime le plus en ce moment, c'est ça:
Et oui, avec 96,9%, la France est en tête du classement des votes favorables ! J'ai honte. Ce taux montre le poids incroyable des ayants-droits en politique, ou peut-être simplement est-ce révélateur d'un niveau de corruption très élevé dans nos représentants. Les partisans de la directive Droit d’auteur, un lobbying jusqu’à saturation: dans cet article intéressant, on y apprend que les principaux soutiens sont:
- Les ayant-droits (Sacem et compagnie) (Deux milliards d’euros de redevance Copie privée collectés entre 2008 et 2016, de l'argent gratuit sur ce que vendent les autres !).
- Les artistes célèbres et riches: « Goldman, Guetta, Renaud, Louane, IAM, Zaz... L'appel de 171 artistes pour défendre le droit d'auteur ».
- Les éditeurs de presse, qui appartiennent à des milliardaires (voir la cartographie intéressante en illustration).
- L'AFP, pourtant censée pourtant être neutre.
- Des media qui donnent la parole à des eurodéputés usant de comparaison honteuses, d'informations erronées, et de références montrant que leur vision de l'informatique ne dépasse pas les années 80: Directive Droit d’auteur : les GAFA, des « terroristes Pac-Man » selon Cavada.
Pour faire passer la pillule d'une loi protectionniste envers une industrie richissime qui se porte très bien, il fallait bien sûr jouer la carte de l'Europe contre les méchants GAFAM qui ne paient pas les droits d'auteur les impôts. Mais ce que l'on ne dit pas c'est que Youtube, particulièrement visé par cette loi, est une plateforme qui permet à des dizaines de milliers de créateurs de contenus de s'exprimer et vivre de leur passion. Et c'est à eux que l'on s'attaque.
Depuis bientôt 3 ans je n'ai plus de télévision, parce que les programmes ne correspondent plus à mes attentes et que mon mode de consommation s'est tourné vers Youtube et ses nombreux créateurs de contenus. Je ne sais pas s'il faut être stupide ou courageux pour admettre que l'on aime un GAFAM, mais il y a de très nombreuses émissions et chaînes que j'adore et qui n'auraient pas pu exister sans Youtube: Science Etonnante, Hygiène Mentale, MrMeeea, LGR...
Et il se trouve que cette loi Européenne risque bien de tuer tout ça en augmentant encore plus la pression sur le filtrage des contenus. En effet, avec l'article 13 quel avenir pour les chaînes qui traitent des sujets suivants:
- Revues/critiques/analyses de films ?
- Pop culture, vieilles publicités, séries, films, jeux-vidéo ?
- Émissions qui parlent de musique ?
- Parodies, détournements, YTP ?
- Emprunt d'extraits musicaux pour des sketches ou illustrations ?
Je ne sais plus quoi faire. Le lobby de l'industrie du divertissement est trop puissant. La majorité des gens s'en moquent, nos représentants sont soumis aux lobbys, les manifestations ne servent à rien si elles ne sont pas violentes, et les media de grande audience sont du mauvais côté. Nous allons continuer de payer toujours plus cher notre redevance sur la copie privée et la censure va continuer à s'imposer au nom du droit d'auteur.
Peut-être faudrait-il un geste fort, que Google ferme son moteur de recherche d'actualités, bannisse les chaînes Youtube appartenant aux ayant-droits (qui diffusent les clips musicaux officiels), voire même quitte administrativement l'Europe (bonne chance ensuite pour imposer des choses à un service 100% américain).
Un peu à la manière du végétarisme, on peut aussi voter avec notre porte-feuille. Ne plus acheter de musique, de films ou de media traditionnels, ne plus acheter de supports soumis à la copie privée. Mais je doute que ce soit suffisant face à leur puissance financière.
Si on ajoute à cela la fin de l'anonymat qui nous pend au nez ainsi que celle du chiffrement, je ne peux pas m'empêcher d'être très pessimiste sur l'avenir de l'internet libre en France.
Peut-être qu'un jour il faudra obligatoirement un VPN pour contourner les lois et être tranquille pour des activités autrefois légitimes, légales et libres. En tous cas il est sûr que nous n'avons plus aucun contrôle démocratique sur ce secteur.
Petit bilan après 1 an sans viande, défi issu de mes résolutions 2018:
- Cela ne me manque pas, il existe de nombreux produits alternatifs en supermarché qui imitent le goût de la viande et le font plutôt bien. On peut ainsi se faire des salades, des burgers, des petits plats plus ou moins élaborés mais délicieux.
- C'est parfois un peu compliqué quand on veut acheter à manger pendant la pause du midi, car il est difficile de trouver des produits sans viande dans les snack, boulangeries et petits restaurants. Pas facile non plus pendant les fêtes de Noël où on ne mange que de la viande et des fruits de mer.
- Je n'ai pas de carences ou de problèmes de santé, la preuve en 2018 j'ai fait un Marathon, un semi-marathon, un 10km, et un tour de France à vélo ;)
- Je ne fais pas de prosélytisme puisque c'est un choix personnel et je me moque de ce que mangent les autres.
- Je ne suis proche d'aucun mouvement et ne suit aucune règle, je fais mon propre régime.
- Je mange toujours du poisson, des oeufs, du lait.
- Quand on a un animal de compagnie, la grande question est de savoir si on peut continuer à le nourrir avec de la viande. Et bien oui: si tu respecte les animaux, respecte leur régime alimentaire. Les chats et les chiens sont carnivores, il faut donc les nourrir avec de la viande.
Expérience renouvelée pour 2019 :)
YouTube recommandera moins de vidéos conspirationnistes (NextINpact).
Je pense qu'en 2019 il est bon que l'on s'attaque enfin à ce genre de vidéo, car il faut les prendre pour ce qu'elles sont : de la merde, sans fondement, sans valeur, et surtout elles sont dangereuses.
Pendant longtemps les documentaires conspirationnistes ont fait le succès de certaines chaînes de TV sur le câble ou la TNT, avec par exemple les pyramides bâties par des extraterrestres. Sauf que depuis une dizaine d'années la télévision se casse la figure et se voit remplacée par Youtube où chacun peut publier son propre contenu. Et dans une société où l'on se méfie de tout, où on ne fait plus confiance à la politique, à la science et aux media, internet et Youtube ont permis aux pseudo-sciences, complots, "réinformations" et fake-news en tout genre de prospérer.
Si certains complots comme Apollo 11 ou la terre plate sont relativement inoffensifs, d'autres peuvent être réellement dangereux par exemple quand on incite les gens à ne plus vacciner leurs enfants. Une personne avec un peu d'expérience sur internet et de culture peut aisément détecter une manipulation, en revanche imaginez quelqu'un qui utilise Youtube pour la première fois. Il va très rapidement tomber sur une vidéo lui expliquant de manière habile que la terre est plate car beaucoup de choses ne sont pas cohérentes avec la théorie officielle, puis Youtube va lui recommander des contenus du même genre, et ainsi il va entrer dans une "bulle" qui peut l'amener à croire les choses les plus absurdes.
Youtube en a marre de servir de repère aux conspirationnistes, diffuseurs de fake news et autres rebus qui à défaut d'avoir une crédibilité scientifique se construisent une visibilité sur internet. Et moi en ce qui me concerne j'en ai marre de voir de bonnes vidéo se faire polluer leurs commentaires par des complotistes anti Apollo 11 ou anti vaccins. Il s'agit d'un exercice délicat, impossible de censurer ces vidéo puisqu'elles ne sont pas illégales, dans ce cas comment faire ? Simple, cesser de les recommander, avec pour espoir de briser ce phénomène de bulle qui aide tant les complotistes. Bien sûr la solution idéale serait d'éduquer les gens pour les amener à détecter eux-même la désinformation, mais il existera toujours des irréductibles qui rejetteront tout ce qui vient "du système" (pour des raisons malhonnêtes ou non) et qui continueront à faire du prosélytisme actif. La preuve c'est qu'on continue à utiliser Opération Lune comme "support" du complot Apollo 11 même si ce documentaire sorti en 2002 ne s'est jamais caché d'être un canular.
Il n'est pas difficile de détecter une vidéo complotiste:
- On présente un fait historique ou une théorie scientifique faisant l'objet d'un consensus.
- On affirme qu'un élément n'est pas crédible (pas besoin de preuve, suffit d'en appeler au "bon sens" ou d'utiliser des raisonnements fallacieux)
- Puisqu'un élément ne parait pas crédible, alors toute la théorie s'effondre logiquement.
- Et puisque la théorie s'effondre, alors on peut en présenter une autre, même si elle est totalement débile et sans preuve.
Exemple dans cette vidéo : TUTO : Savoir quand ça craint - DEFAKATOR.
Au delà des complots eux-même, ce qui me chagrine c'est le recul de la science auprès du grand public. L'image souvent véhiculée est celle d'un "grand conseil des sages", qui décide de ce qui est valide scientifiquement ou pas, et il ne faut surtout pas les remettre en cause. Et cette validité serait déterminée par de l'argumentaire et des mathématiques, jamais de concret ou de "bon sens". Youtube et internet seraient donc les derniers endroits où l'on peut encore exprimer des théories alternatives et être "face au système" apporterait donc de la crédibilité. Pour lutter contre ces idées, je ne peux que vous recommander :
- Hygiène Mentale (zététique pure: utilise des supports pour expliquer les arguments fallacieux et raisonnements biaisés)
- Defakator (attaque frontale des complots et fakes).
- Scilabus (mise en place d'un protocole expérimental pour tester une croyance envers les métaux et le corps humain).
- Youtube kicke les conspis ! (même si je ne suis pas toujours fan du bonhomme, je partage son analyse).
- Debunk du complot Apollo 11 (au dela du complot lui même je trouve intéressant de montrer que l'on présente comme des scientifiques et ingénieurs des gens qui ne le sont pas du tout).
- Les crop circles (la méthode scientifique face aux méthodes ésotériques pour tester un cercle de culture).
- Si vous ne croyez pas que la terre est ronde, rejoignez un club d'astronomie et regardez dans un télescope (mouvement du ciel, apparence des autres planètes...)
- Jouez à Kerbal Space Program.
- Lire les sources (une affirmation extraordinaire demande des preuves extraordinaires. Ce qui est affirmé sans preuve peut être rejeté sans preuve).
- Si on vous vend une croyance qui va à l'encontre d'un consens scientifique, déjà ça craint.
- Un conférencier auteur de livres à succès n'est pas plus crédible qu'un consensus scientifique.
- La science et les opinions c'est pas pareil.
- Quand un scientifique parle d'un sujet scientifique au grand public, ce n'est pas parce qu'il est payé par une méchante industrie ou par le gouvernement, c'est peut-être juste parce qu'il connaît son domaine.
En conclusion il est triste d'en arriver là et de frôler la censure, mais on fait face à un incendie de bêtises qu'il faut éteindre au jet d'eau. Je suis favorable à cette décision de Youtube qui pourra peut-être faire remonter un peu le niveau déjà bien bas aujourd'hui.
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