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Le gouvernement va censurer les fake news

Rédigé par uTux 6 commentaires

Emmanuel Macron veut légiférer contre les « fake news » (NextINpact).

La situation est complexe. On peut y voir encore une "infantilisation" des citoyens, le gouvernement va faire le boulot intellectuel à votre place, donc si on laisse passer une info c'est qu'elle est vraie, pas besoin de brancher votre cerveau. On peut aussi se demander quels seront les critères pour déterminer si une information est vraie ou pas, et si on peut légitimement censurer un article voire même un site tout entier à partir de là. Et bien sûr cela risque paradoxalement de servir la cause de certains groupes qui pourront se poser en victime de "censure".

Vidéo de Hygiène Mentale à ce sujet:

L'idéal serait que les gens apprennent eux-même à distinguer les fake news. C'est possible dans une certaine mesure. Les gens ne sont pas idiots, seulement pas assez formés à l'utilisation des outils de recherche. Rien qu'avec la recherche inversée de Google image on peut se rendre compte que certaines choses que l'on partage sur les réseaux sociaux sont fausses, et c'est ce que l'on apprend dans certaines écoles aux enfants (voir les vidéo EMI de Hygiène Mentale à ce sujet).

Mais le mal est plus profond. On ne pourra pas éduquer tout le monde et il y aura toujours des gens impossibles à convaincre qui continueront à diffuser les informations, et le modèle des préférences de Youtube et des réseaux sociaux continueront à les privilégier et les faire exister:

  • Les fakes news, les partages, les publicités, ça rapporte. Donc il y aura toujours du putaclick, du partage viral, je ne vois pas vraiment de solution à ça, sauf si la publicité sur internet pouvait s'effondrer définitivement.
  • Les complotistes sont perdus, rien ne pourra jamais les convaincre, chaque argument étant balayé sans la moindre considération. Je prends pour exemple cette conférence de Alain Fisher à l'espace des sciences de Rennes. 1h56 d'argumentation scientifique balayée dans les commentaires par des remarques "il est certainement payé par l'industrie pharmaceutique pour nous mentir" suivie d'un pouce rouge, comment peut-on discuter avec ces gens? Rappelons que la base de la croyance des antivax est fausse.
  • Le biais de confirmation, c'est humain et plus subtil. On aura tendance à retenir et à partager les informations qui vont dans le sens de nos opinions, en prenant moins garde à vérifier si elles sont vraies ou pas. Et de manière plus malhonnête on peut citer certains groupes enclins à défendre des partis politiques, on se rappelle tous du spam sur le web opéré pour l'UPR.

En conclusion, il est regrettable que le gouvernement soit obligé de brandir la censure pour lutter contre les fake news, mais peut-être est-ce inévitable. J'espère seulement que des garde-fou et des recours seront possibles pour éviter les dérives, et je ne me fais pas d'illusions: on ne pourra pas nettoyer le web. Peut-être faut-il attendre une prochaine génération d'utilisateurs du web, plus intelligente et mieux formée à ce genre de choses.

6 commentaires

#1  - propositionjoe a dit :

"On ne pourra pas éduquer tout le monde".

Et j'ai envie de dire heureusement. J'ai aucune envie que macaron et ces copains m'éduquent quoi de se soit.

Parce que oui, il y a des infos délirantes qui circulent sur les internets, mais les rumeurs n'ont pas attendu le web... La vraie question c'est pas d'apprendre l'esprit critique aux gens; mais pourquoi ils se mettent à croire n'importe quoi. Et la réponse c'est que ce qu'ils entendent à la télé depuis 30 ans est quand même déjà vachement n'importe quoi.

Les braves gens ne font que chercher une vérité alternative à celle que ses messieurs les importants racontent chaque jour et qui semble bien impuissant à décrire le quotidien...

Le vrai projet du gouvernement n'est ici que le faux nez d'une censure discrétionnaire d'internet, une tentative de ramener le bon peuple dans la bonne direction de "nous sommes la nation française".

Bref l'ORTF 2.0 c'est maintenant.
Merci les marcheurs

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#2  - uTux a dit :

Ce projet reste à définir mais il s'agit de punir les fakes news, pas de réinformer les gens... il y a quand même une nuance.

Pour le reste quand je parle d'éducation il ne s'agit pas de remettre les gens dans le droit chemin en leur présentant uniquement les informations validées par le gouvernement, mais leur apprendre les bonnes pratiques pour déterminer si on se fout d'eux. Typiquement, remonter aux sources des informations, faire des recherches. Cela me parait plutôt une bonne chose (mais ce n'est pas ce que Macron prévoit de faire).

Parce que refuser de croire un homme politique ou un journaliste de TF1 c'est bien, mais se fier à des groupes facebook pour s'informer c'est pas mieux, c'est même pire.

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#3  - nimp a dit :

On doit rester libre, point final. Marre de cette société de gauchistes, de faiblards et d'assistés. De capitalisme extrême qui se transforme en totalitarisme.

Avec une censure encore plus accentuée qu'elle ne l'ait déjà, il sera facile de filtrer les vraies infos qui ne vont pas dans le sens voulu par certains.
Il sera encore plus facile dans le même temps de diffuser la propagande, maquillée en vérité.

Aucune concession ne doit être faite. Toutes les infos et les pensées doivent pouvoir circuler, être discutées et débatues.

Et c'est justement le débat qui doit faire ressortir la vérité. Ou, tout du moins (ne soyons pas utopiste), celle choisie par la majorité. C'est à dire l'évolution et le changement voulu par le peuple et seulement par lui.

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#4  - uTux a dit :

Il y a une distinction à faire entre les opinions et les fake news.

Une fake news en principe c'est quelque chose de mesurable, de concret, on peut prouver par A+B que l'information donnée n'existe pas (cf les attentats en Suède dont parlait Trump). Ces informations fausses alimentent des rumeurs, des légendes urbaines, des complots ou des croyances qui ont la vie dure grâce à ça.

Un opinion c'est une opinion et en effet sur ce point on se doit d'être libres.

Par exemple quand j'étais sur diaspora je voyais passer des articles sur les compteurs Linky qui donnent le cancer. On a droit d'être contre le Linky (et le dire), mais affirmer que ça donne le cancer c'est se baser sur des fake news et de la pseudo science. Je ne vois pas comment un débat peut être sain s'il se base sur des affirmations fausses, d'un côté ou de l'autre.

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#5  - FredBezies a dit :

On confond aussi opinions et faits. Les deuxièmes sont toujours vérifiables et emmerdent très souvent les opinions.

La liberté des opinions, cela englobe si on va jusqu'au bout à toutes les formes de haines et de discriminations. Pas glop :(

Ton exemplaire est parfait pour montrer l'inculture générlae d'un grand nombre de personnes. Comme je l'ai précisé dans un autre commentaire, deux articles de loi sont déjà applicables pour lutter contre la peste des fake-news.

Mais comme on est dans l'ère de la post-vérité et que l'on chie sur les faits...

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#6  - FredBezies a dit :

Oh, le beau paquet de concetés qui promeut une liberté extrémiste qui contient sa propre source d'auto-destruction. Sans oublier un manque cruel de culture générale.

Sur l'introduction, je demanderai à la personne de vivre ne serait-ce qu'un mois avec 450€...

De plus, je dirais à cet aimable posteur que la censure a été violente durant près d'un siècle avec les pensées de gauche dure, avec les lois dites "scélérates" votées en 1893-1894 suite aux aventures de Ravachol, la machine infernale d'Auguste Vaillant et l'assassinat du président Sadi Carnot par Sante Geronimo Caserio.

Sinon, c'est plus un effet d'annonce qu'autre chose.

Quid de l'article 27 de la loi sur la liberté de la presse de 1881 qui déclare :

"La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d'une amende de 45 000 euros.

Les mêmes faits seront punis de 135 000 euros d'amende, lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction faite de mauvaise foi sera de nature à ébranler la discipline ou le moral des armées ou à entraver l'effort de guerre de la Nation."

Source : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=E38159BA4467D42F42B28F8A25B7DB02.tplgfr32s_3?idArticle=LEGIARTI000006419726&cidTexte=JORFTEXT000000877119&dateTexte=20130806&categorieLien=id&oldAction=&nbResultRech=

Ou encore l'article 20 de la LCEN de 2004 ?

"Toute publicité, sous quelque forme que ce soit, accessible par un service de communication au public en ligne, doit pouvoir être clairement identifiée comme telle. Elle doit rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée.

L'alinéa précédent s'applique sans préjudice des dispositions réprimant les pratiques commerciales trompeuses prévues à l'article L. 121-1 du code de la consommation."

Source : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006421566&cidTexte=JORFTEXT000000801164

Bref, pourquoi alourdir l'arsenal juridique alors que tout est déjà sous la main ?

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